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Article: Du petit rêveur marin breton au fou de la Diagonale // Partie 3 //.

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illustration : Flowhynot

Tout d’abord, avant d’entamer cette 3ème partie, nous approchons de la fin du déconfinement en France. En tous cas en partie. Nous l’espérons tous. 
À ce jour, je ne sais pas encore si le Grand Raid pourra se tenir en 2020. Peut-être qu’il sera reporté à 2021. Peut-être pas.
Si c’est le cas, serai-je sur la ligne de départ dans un an et demi ? Je n’en sais rien.
Quoi qu’il en soit, je continue de me préparer à affronter cette épreuve.

Lendemain de ce 2ème trail long qu’était le Glazig, je suis assommé de courbatures. L’escalier qui rejoint mon bureau au sein de l’agence de communication dans laquelle je travaille me semble pire que les portions de dénivelé de la veille.

La semaine complète de repos que je m’accordais par le passé après une course va me faire du bien.

Et dans 2 mois on remet ça…

Et si on ajoutait du fractionné ? Et des sorties à jeun…

D’ici là j’ai prévu 3 courses plus ‘raisonnables’.

//🏃 L’IntrailMuros, un urban trail de 14km à caractère plutôt festif dans les rues de Saint-Malo.

//🏃Le Trail du Bois Joli qui se déroule sur environ 17km au sein d’un parcours fait quasiment que de sous-bois comme son nom l’indique.

//🏃Le 25km du Trail des Vallées, dont j’ai entendu beaucoup de bien, à Saint-Pierre de Plesguen.

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photo : Christelle Mesnage

Malgré le résultat honorable du jour passé, je ne peux m’empêcher d’éprouver un sentiment d’inachevé.

Eternel insatisfait ? Sûrement. Sûrement trop d’ailleurs. Mais on se refait pas.

Un objectif majeur se dégage pour la prochaine épreuve que sera cet Aber Wrac’h : ne pas ‘refrapper le mur’. Ce fut terrible. D’autant que cette fois les 54km se feront en auto suffisance.

Mon premier réflexe est donc de m’informer un peu plus. Pour le moment je pratique de façon complètement solitaire et autonome. Je n’ai donc pas vraiment de notions de ce qu’il faut vraiment faire. Ni les bons réflexes sans doutes.

Pour moi la course à pied se résumait simplement à ‘courir’. Je m’aperçois que c’est bien plus complexe. Sans doute un des sports les plus complexes au final. Mais c’est passionnant. Je découvre comment fonctionne réellement mon corps.

Au fur et à mesure des premières lectures 2 choses reviennent et me marquent en priorité :

//⏱ Faire du fractionné.

Ce terme qui m’évoque les pénibles périodes sans ballon de début de saison de football.

//❌🥐☕️ Courir à jeun à faible intensité…

Je suis étonné par ça. Moi qui pensait qu’il fallait être plein d’énergie et de calories avant un effort sportif. Je lis aussi que c’est une pratique qui permet au corps de s’habituer à utiliser une ressource quasi inépuisable que sont les graisses, au détriment des glucides qui eux se consomment très rapidement lors de l’effort.

Il y aurait donc moins de chances ensuite de ‘frapper le mur’.

C’est logique au final. Et un premier pas vers mon prochain objectif.

J’intègre donc à mes semaines une séance de ‘souffrance’ qu’est le 30’/30’ ainsi qu’une séance de ‘torture’ via des levers à l’aurore pour aller galoper à jeun dans les chemins de Saint-Briac avant que ma petite famille se lève.

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photo : Flowhynot

Des courses de préparation réussies.

Le 22 février 2019 je me présente à l’espace Duguay Trouin de Saint-Malo pour participer à l’IntrailMuros. 14km d’ambiance festive dans les rues de la Cité Corsaire, 6000 participants et des lieux atypiques à traverser.

Je me classe 24ème (à priori car les puces de chronométrage auront connu quelques soucis) en 1:00’35”. 

L’anecdote est que, je ne le sais pas encore, je reviendrai un an plus tard au même endroit pour participer au 2ème évènement de l’organisation qu’est l’Endu’Rance Trail des Corsaires. Mais cette fois sur un format ultra de 94km.

//📖À lire aussi : L’Endu’Rance Trail des Corsaires, quand les éléments se déchaînent.

Après cette course satisfaisante, c’est cette fois sur un tout autre terrain que je vais poursuivre ma préparation. Le Trail du Bois Joli. Quelques années que j’en entend parler. Je suis heureux d’aller gambader autour de l’étang où je partageai quelques parties de pêche étant plus jeune. 

Je m’élance sur un rythme rapide, même si le grand favori Christopher Domise a lui déjà pris ses distances. Quelques centaines de mètres sur le bitume et arrive maintenant les sous-bois. 17km de sentiers jonchés de quelques bosses qui rendent la “promenade” pas si agréable que ça. On peut même dire que c’est un profil typiquement breton. À l’arrivée, une 12ème place qui me contente. Et un enseignement : je pense que je suis parti trop vite.

C’est tout de même de bon augure et un regain de confiance.

 

Je poursuis l’entraînement que je me suis fixé en alternant parfois la séance de 30’/30’ avec des séances d’intervalles plus longs (4 x 1300m/1000m par exemple). Cela se passe bien. Je me décide même à essayer une séance de côtes. Je ne suis pas loin de rendre mon déjeuner la première fois !

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photo : Flowhynot

Arrive alors le 24 mars. 3 semaines avant ma prochaine grosse échéance qu’est le 3ème défi du Ouest Trail Tour

//📖À lire aussi : Le Ouest Trail Tour, une aventure étonnante en 7 étapes

Je me rend sur la ligne de départ du format 25km du Trail des Vallées. Un évènement très bien ficelé qui propose aussi un 42km. Pour me préserver, car étant encore un pur novice, j’ai opté pour la sagesse.

Comme quelques semaines auparavant je pars vite. Très vite. J’ai même la surprise d’être en tête après quelques kilomètres.

Ça ne durera pas. 3 trailer me passent logiquement devant et un 4ème me rejoint. Nous ferons la course ensemble jusqu’à la fin. Je pense que ce jour là j’ai appris beaucoup en courant au côté d’une personne aguerrie, au niveau de la gestion d’un trail

Une 4ème place m’attendra après un sprint final disputé (aujourd’hui je pense que je proposerai que nous finissions ensemble, mais à cette époque une 4ème place me semblait une victoire).

Je suis vraiment heureux. Ma petite famille venue me voir aussi. Ambre, l’aînée, est fière. Ça me rend heureux. Je commence vraiment à ressentir que le trail est un sport individuel certes, mais rempli de partage.

Que de bonnes vibes avant de me rendre au Folgoët.

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photo : Christelle Mesnage

Une première grosse surprise

Nous y sommes. 14 avril 2019. Je suis arrivé la veille avec Emilie et mes filles.

Je suis sur le rocher qui sert de point de départ. 1 an auparavant, il faisait 25 degrés de ce que nous racontent les organisateurs de cet Aber Wrac’h dans leur brief d’avant course. Ce matin le thermomètre n’en affichera que 4.

À cette époque je n’ose pas me placer à l’avant du peloton. Je ne m’en sens clairement pas la légitimité.

Les feux de bengale qui s’allument tout le long de la digue scellent le départ.

Je passe les premiers kilomètres à doubler. Je ne sais absolument pas où je me situe. Ça n’est pas grave. J’ai décidé de faire une course pour moi avec la seule ambition de ne pas m’écrouler comme sur les sentiers du Glazig

Les “bornes” défilent sur les 2 premières portions que sont le sentier côtier et la traversée des abers. Je continue à grappiller des places et tout se passe pour le mieux.

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photo : Nadine Ragobert

Arrive alors le dernier tiers de course. Celui qui se déroulera en sous-bois avec la majeure partie des difficultés et du dénivelé. Ça devient dur, mais je tiens en me répétant ‘c’est bien ce que tu fais’. Même malgré les chutes dues à la fatigue et un manque grandissant de lucidité. Le mental prend le relai. Et le corps a encore du gaz. Le mur attendra.

J’approche de la fin. Les kilomètres sur ma montre ne semblent pas défiler à la même vitesse que d’habitude. Soudain un bénévole m’annonce ‘10ème‘. ‘10ème !… Il a dû se tromper.‘ me dis-je.

Peu importe, je continue à poser foulées après foulées pour en terminer tout en gérant mon effort.

Ça y est, je sors d’un sous bois pour me retrouver sur le stade du Folgoët. Dernier tour de piste et ça sera le graal ! J’y arrive, j’y arrive enfin. Un des organisateurs, le président de la course Gilles Pichard, me félicite déjà, alors qu’il reste une dizaine de mètres, en me disant que j’ai fait une super course. ‘tu es 10′ me lance-t-il. Le bénévole avait donc raison.

Les larmes sortent une nouvelle fois… 10ème sur une course de l’OTT après 4 mois de pratique. C’est dingue pour moi. Les efforts commencent à payer.

L’anecdote est que j’appelle Émilie qui devait venir me voir sur le parcours. Elle m’a loupé. Elle ne pensait pas que j’irai aussi vite. Moi non plus.

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photo : Trail de l’Aber Wrac’h

Un résultat validé

Dans l’euphorie de cette ‘performance’ je m’inscris sur le magnifique parcours longeant le GR34 du Fresnaye Trail . Seulement 7 jours après et sans ambition puisque la fatigue sera sans doute là.

Et bien pas vraiment. C’est un premier podium qui clôturera ces 30km de plaisir pour les yeux. Juste derrière Sylvain Morin et Pierre-Yves Briand. 2 noms que je recroiserai dans le futur.

Quelle quinzaine d’avril comparée aux doutes du mois de février !